Maîtriser sa partie chantée au sein d'une chorale

Chaque choriste joue un rôle unique au sein d'une chorale. Cela requiert des compétences qu'il faut développer. Retenir les différentes voix, avoir un bon rythme interne ou encore s'adapter aux changements du live sont des capacités qui, pour la plupart, ne sont pas innées. Néanmoins, il existe de nombreuses pratiques qui vous aideront à les développer et qui vous permettront de chanter avec assurance.


Dans la musique, « l’ensemble est plus important que la somme de ses parties » - est-ce vrai ? Ce dicton peut être vrai quand on parle de la façon dont une chanson ou un morceau de musique a été écrit. L’objectif d’un compositeur ou d’un auteur-compositeur est en général de créer un morceau de musique composé de plusieurs parties jouées ensemble. C’est ce qui propulse la musique à un autre niveau. Ceci ne se produirait pas si vous écoutiez chacune de ces parties l’une après l’autre.
 
Cependant, lorsqu'il s'agit de technique de performance, ce n'est pas toujours le cas ! Chanter dans une chorale ou un autre groupe nécessite un travail d'équipe énorme, et si une partie de cette équipe ne fait pas le poids, cela peut se remarquer. Le processus d'apprentissage d'une chanson avec une chorale consiste à apprendre les détails de la musique, tels que la mélodie, les rythmes, etc. Une fois que le chœur a bien saisi ces éléments, le chef d'orchestre est alors en mesure de peaufiner l'ensemble du son, et cela inclut le mixage, les balances et la diction. Cet article commence par se concentrer sur la première partie du processus, également connu dans le monde de la musique sous le nom de « note-bashing ».  Ensuite, nous expliquerons comment s’adapter à la situation en matière de performance, afin de mettre votre apprentissage en pratique.
 
 
Comment le cerveau gère-t-il la performance ?
Analyser la musique et ensuite reproduire ce que vous avez entendu est l’un des aspects les plus complexes de la performance. Tout d’abord, vous devez écouter la musique ; votre cerveau traite des tonnes d’informations par rapport à ce que vous écoutez. Une fois qu’il a traité ces informations, vous pouvez les utiliser pour produire à votre tour le son. En y réfléchissant, c’est beaucoup de travail pour votre cerveau !
 
Tout comme apprendre à mieux chanter (ou apprendre un instrument) exige que vous entraîniez votre cerveau, chanter sa partie au sein d’une chorale l’exige également.
 
Peut-être connaissez-vous un ténor qui a une belle voix ? Les ténors auront toujours du travail au sein d’une   chorale ! Cependant, bien que sa tonalité, sa tessiture, sa dynamique, etc., soient bonnes, s’il n’arrive pas à chanter la voix qui lui est attitrée, il ne sera pas d’une grande utilité dans une chorale. La clé est que chacun doit jouer son rôle dans une chorale. Si chaque choriste chantait la mélodie de base, l'harmonie ou le contrepoint n'existerait pas…
 
Il existe une compétence appelée l’écoute active, ce qui signifie que vous devez fortement vous concentrer sur la musique pour que votre cerveau puisse traiter les informations. Il ne s’agit pas de simplement l’écouter comme un bruit de fond.
 
 
Un travail personnel pour entraîner votre cerveau
Il y a un processus pour apprendre à chanter votre partie. Cela implique une énorme contribution de vos oreilles. S’accrocher à la mélodie semble être l'option la plus facile : c'est la partie la plus importante, et souvent dans les chorales on s’entraîne sur la partie où l’on chante la mélodie pour qu’elle soit mise légèrement plus en évidence. Donc, pour vous aider à ne pas vous agripper accidentellement à la mélodie, voici un guide, étape par étape, qui vous aidera à mieux maîtriser votre voix.

 

 

1. S’isoler et apprendre sa partie
Sauf si vous êtes vraiment doué pour lire le solfège ou pour apprendre des chansons par l’écoute, vous devez vous asseoir et apprendre votre partie.
Une fois que vous avez une idée de la tonalité de votre partie et que vous êtes capable de reproduire le son, vous pourrez écouter plus attentivement les autres éléments de votre chorale. D'une certaine manière, cela renseigne votre cerveau que votre partie est en réalité une  «mélodie » à part entière. Si possible, chantez votre partie avec une piste audio des autres parties. Vous trouverez parfois sur YouTube et d'autres sites Web un audio dans lequel votre partie est jouée légèrement plus fort que les autres. Si cela n’est pas disponible, trouvez un enregistrement en continu de la chanson que vous travaillez afin de pouvoir chanter votre partie en même temps. Ainsi vous pourrez vous habituer à écouter votre tonalité avec tout le reste. Bien souvent, ces pistes audio qui permettent de s’exercer sont composées de différents instruments et non de voix. Cela vous permettra de bien écouter ces derniers et d’être plus confiant lorsque vous chanterez avec les autres voix.

 

2. Être prêt à s’adapter en écoutant
Tenir votre rôle dans un groupe ne consiste pas uniquement à apprendre votre partie, puis à isoler tout le reste lorsque vous jouez. Si vous faites cela, vous interpréterez peut-être techniquement bien votre partie, mais l’ensemble ne sera rien de plus que la somme des parties !
 
Vous devez donc faire attention lorsque vous jouez, et vous devez écouter les autres parties. Beaucoup de gens pensent que leur voix se mélangera bien avec le reste de la chorale uniquement parce qu’elles chantent juste. La justesse est importante, mais il y a bien plus que cela. Il est vrai que vous devez être assez bon pour savoir quelles notes vous devez chanter par rapport aux autres parties, mais le fait d'avoir un bon rythme et un métronome interne vous aidera également à vous adapter aux changements dans la musique. C’est important pour jouer sa partie et la maintenir juste, car ce sera un vrai désordre si le timing est raté !
 
N'oubliez pas que jouer de la musique est un processus à double sens qui consiste à s'exprimer et à écouter les autres musiciens autour de vous. Si vous n’exercez pas votre oreille suffisamment et si vous ne développez pas cette capacité d'écoute active, ce sera plus difficile d'améliorer vos performances.
 
 
Apprendre vs. adapter
Apprendre consiste principalement à assimiler des informations sur différents aspects de la musique, à les mémoriser à long terme, puis à les reproduire. Cependant, il y a également beaucoup de spontanéité et d'adaptation à la situation requise pour une bonne performance musicale.
 
Par exemple, un chef de chœur peut vouloir prendre une chanson à une certaine vitesse ou à un certain tempo, tandis qu'un autre chef le fera à une autre vitesse. Ils peuvent décider de modifier légèrement la dynamique (parties fortes et parties faibles) pour obtenir le meilleur équilibre possible. Il est également facile de tomber dans de mauvaises habitudes, telles que le fait de ralentir le tempo – le chef de chœur devra rapidement remédier à cette mauvaise habitude que vous avez prise. Même des choses comme la gestion des erreurs pendant une répétition ou une performance nécessitent de la flexibilité et une prise de décision spontanée. Certains musiciens plus expérimentés utilisent même la spontanéité musicale pour créer de la finesse dans leur jeu et leur chant, en veillant à ce que cela soit toujours original et enthousiasmant.
 
Alors, vous vous demandez probablement comment vous pouvez améliorer votre capacité d'adaptation et de prise de décision dans le domaine de la musique. Tout est dans vos oreilles et vous devez être conscient d’un paramètre en particulier en tant que membre d’une chorale ou d’un groupe vocal : il s’agit de la pulsation.
 


La pulsation
La pulsation est la colle qui maintient la chanson liée. Sans elle, il n'y aurait aucune indication quant à la destination de la note suivante, et la chanson serait un désastre complet. Il y a des moments où la musique s'accélère ou ralentit, par exemple à la fin d'un refrain final, mais tout est contrôlé.
 
La manière d’être plus conscient de la pulsation est de développer ce que l’on appelle « le métronome interne ». Une personne qui a un bon métronome interne est toujours consciente de la pulsation régulière, ce qui signifie qu’il y a moins de risques qu’elle ralentisse ou accélère ses notes. Bien entendu, vous devez écouter la pulsation pour être plus conscient de celle-ci. Il y a souvent des indices en musique. Par exemple, le premier temps d’une mesure est souvent plus accentué que les autres. Assurez-vous également que vous connaissez quelle est la structure des temps ; sont-ce des mesures à trois ou quatre temps ? Si vous l’ignorez, cela peut vraiment déstabiliser votre métronome interne, vu que la métrique et la pulsation vont de pair.
 
 
Développer son métronome interne
Voici deux exercices que vous pouvez effectuer pour améliorer votre métronome interne :
 
1. Définir les rythmes

Faites jouer n’importe quelle chanson que vous aimez, puis écoutez attentivement le tempo. Une fois que vous pensez que vous l’avez saisi, battez la pulsation. N'oubliez pas que le rythme est différent de la pulsation ;  alors faites attention ! Au fur et à mesure que vous l’améliorez, écoutez des chansons plus compliquées qui ont des rythmiques plus complexes et/ou des indices moins évidents pour définir le tempo.
 


2. Mémoriser les rythmes

Faites jouer n’importe quelle chanson que vous aimez chanter, et que vous maîtrisez. Chantez la chanson, puis à certains moments, mutez le son, mais n’arrêtez pas la musique. Maintenant que vous n’entendez plus la chanson, c’est à votre tour de continuer de la chanter. Gardez la chanson muette pendant environ cinq secondes puis remettez le son. Êtes-vous désynchronisé ou avez-vous réussi à garder le bon métronome interne et à rester synchronisé ?
 
Un autre bon conseil est d'apprendre à subdiviser. Si vous avez déjà pensé que la musique n’était pas mathématique, détrompez-vous ! Les meilleurs musiciens n’ont pas seulement la pulsation en tête ; ils prennent chaque tempo et le subdivisent intérieurement en moitiés, puis en quarts et même en huitièmes. Pourquoi ? Naturellement les musiciens anticipent le prochain tempo. En d’autres mots, ils le jouent trop tôt. Donc, si vous avez une série de tempos forts avec beaucoup d’espace entre chaque tempo, c’est tentant de passer au tempo suivant trop tôt. C’est ce que l’on appelle la précipitation.
 
Une façon d'éviter la précipitation consiste à prendre une série de   tempos ; disons un tempo en 4 temps (1, 2, 3, 4) et à les subdiviser en « 1 et 2 et 3 et 4 et ». De cette façon, vous savez à quel moment chaque tempo arrive, mais vous devez faire de la place en disant « et ». Cela vous évite de vous précipiter au prochain tempo. Une fois que vous aurez passé un peu de temps à vous entraîner, cela deviendra une seconde nature. Le contraire de précipiter est connu sous le nom de ralentir. Lorsqu’intérieurement vous ne répartissez pas les subdivisions de manière égale, cela provoque à chaque fois un tempo fort retardé, et donc vous ralentissez… et vous ralentissez encore… C’est particulièrement le cas pour les chansons qui ne sont pas très rapides ou très lentes.
 
Une chose à garder à l'esprit est que la subdivision ne s'arrête pas à la moitié de chaque temps. Vous pouvez aller au quart ou même au huitième du temps, où il est si rapide qu’il n’y a pratiquement aucun espace entre les deux. Cela facilite beaucoup le maintien de la subdivision et celui de la force motrice de la pulsation.
 
Répétez le premier exercice ci-dessus, mais appliquez cette fois-ci une subdivision du temps. Ainsi, s'il y avait quatre temps à l'origine, vous frapperiez huit tempos deux fois plus vite. Puis, appliquez seize mesures pour que vos applaudissements soient quatre fois plus rapides. Si vous ne pouvez pas taper des mains aussi rapidement, tapez sur vos genoux en alternant les mains.
 
Une fois que vous aurez appris à mieux écouter la pulsation, vous réaliserez à quel point la création musicale en regorge. Les rythmes se mettront beaucoup mieux en place. Vous aurez une meilleure idée de l'ordre des notes et des mélodies dans votre partie (qui deviendra ensuite une partie de votre mémoire à long terme) ; mais plus important encore, vous pourrez tenir votre rôle avec assurance et conviction, et si quelque chose se passe mal, vous saurez gérer la situation.
 
 
Ne soyez pas submergé !
Cela peut donner l’impression qu’il faut tenir compte de beaucoup d’informations, mais elles ne sont pas données pour être appliquées du jour au lendemain ; c’est « pas après pas ». Ainsi, concentrez-vous d’abord sur le fait d’apprendre efficacement votre partie. Souvenez-vous que le cerveau retient les informations en écoutant, donc utilisez vos oreilles pour retenir l’information sous forme de son. Si vous avez également la musique écrite devant vous, c’est bien ; vous pouvez l’utiliser comme un guide. Toutefois, l’expérience montre qu’il est plus facile et de loin plus efficace à long terme d’apprendre de la musique principalement par l’écoute. Bien que vous ayez davantage une mémoire visuelle plutôt qu’une mémoire auditive, certains facteurs importants pour jouer votre rôle dans une chorale passent par la transformation sonore. Vous devez donc de toute façon vous efforcer d'améliorer vos capacités d’écoute.
 
Une fois que vous saurez apprendre la musique efficacement, vous aurez beaucoup plus de flexibilité et vous pourrez vous adapter aux situations, même si la musique change autour de vous. Bon courage, vous allez gagner !
 


Autres Articles


En accès premium

Pour accéder aux cours, Veuillez vous connecter ou créer votre compte